LE VERRE PREROMAIN EN GAULE MÉRIDIONALE ACQUIS RÉCENTS ET QUESTIONS OUVERTES*
Michel FEUGERE**
1. Une recherche naissante
Le développement de la recherche archéologique sur le verre préromain en occident ne date que d'une trentaine d'années. C'est à T.-E. Haevernick, dont l'œuvre scientifique a été en grande partie consacrée à ce thème (1), que l'on doit la publication, en 1960, d'un ouvrage sur les parures celtiques en verre qui devait avoir un effet décisif sur les travaux ultérieurs (2). En proposant un système de classification des perles et des bracelets largement diffusés en Europe occidentale au cours des derniers siècles de l'Age du Fer, cet auteur a montré aux archéologues de plusieurs pays l'intérêt d'études systématiques de ces objets dans des régions bien définies. Tout en reconnaissant les intuitions d'un Déchelette ou d'un Reinecke dans ce domaine, les travaux de M. Guido, de N. Venclovâ et plus récemment de R. Gebhard découlent largement du regain d'intérêt suscité pour ces objets par les publications de Haevernick.
Si les parures, avant l'invention du verre soufflé, occupent une place prépondérante dans l'histoire du verre antique, elles s'accompagnent, à partir du VIe s. av. J.-C, d'un petit nombre de vases à parfum de type oriental, diffusés en Méditerranée occidentale à partir des ports puniques et grecs d'Ibiza, d'Ampurias et de Marseille. La circulation et l'usage d'objets en verre se trouve donc, au cours de l'Age du Fer, au croisement de deux circuits distincts, l'un méditerranéen, l'autre indigène : il s'agit là de deux pôles dynamiques dont la concurrence subsistera tout au long de l'Antiquité. De
* Ce groupe de cinq articles sur la verrerie antique reproduit, en les enrichissant parfois, des communications présentées le 7 Décembre 1991 à Claret (Hérault), lors d'une Journée d'Etude organisée par l'Institut d'Archéologie de l'Université Montpellier III.
** UPR 290 du CNRS, Centre de Documentation Archéologique Régional, 390 Av. de Pérols, 34970 Lattes.
N.B. : II est important de souligner ici que les références citées pour chaque type d'objet évoqué dans le texte ne cherchent nullement à établir un inventaire, même provisoire, des mobiliers en question. Trop de parures, notamment en verre, sont encore inédites pour qu'une telle démarche puisse être entreprise aujourd'hui sans un long travail d'inventaire. Cette présentation générale aura atteint son but si elle éveille dans ce sens l'intérêt d'un étudiant ou d'un chercheur.
L'auteur remercie tous ceux qui ont bien voulu contribuer à la récolte des informations nécessaires à cette étude, notamment P. Abauzit (Béziers), H. Alfonsi (Ajaccio), H. Bernard (Marseille), B. Dedet (Lattes), R. Gebhard (Miinchen), V. Guichard (Roanne), C. Landes (Lattes), J.-P. Noldin (Miramont), M. Py (Lattes), M. Schwaller (Ensérune), M. Sireix (Saint-Magne-de-Castillon).
(1) Les principaux travaux de cet auteur ont été regroupés, peu avant sa disparition, dans un volume d'hommage intitulé Beitrâge zur Glasforschung. Die wichtigsten Aufsàtze von 1938 bis 1981, Mainz, 1981.
(2) Haevernick 1960.
Revue Archéologique de Narbonnaise, 25, 1992, p. 151-176
